• Le plaisir de chanter et Patsy Kensit

    (Eight Wonder / When the phone stops ringing)


    Si je portais une foi envers le cinéma français, je serais bien déçu. Mais comme j'ouvre les yeux et que je flaire chaque parcelle de l'univers, je ne peux m'empêcher de l'être. Le prochain film d'Ilan Duran Cohen est un exemple de ce que sont devenues les images dans notre temps. Pas une once de joie, pas un millimètre de gaité dans « Le plaisir de chanter ». Un couple improbable d'agents des services secrets enquête sur une affaire de trafic d'uranium au milieu d'un cours de chant lyrique. Pourquoi pas. Mais enfin Marina Foïs et Laurent Deutsch cherchent en vain un charisme au milieu de leurs déboires amoureux. Les voilà nus, elle a la recherche du spermatozoïde créateur et se battant contre une stérilité toute psychique et lui, ne bandant pas face à elle, concentré sur cette affaire. Et voici Jeanne Balibar, idiote à souhait, qui finira par préférer la musique pop à l'opéra. Le film commence pourtant bien. Un type chante dans le métro, il distribue des prospectus pour le court de chant que donne sa mère. Un homme vient l'interrompre, donne un billet que le chanteur refuse. Il dit en reprenant son argent et en tendant un papier :
     « -Appellez moi quand vous voulez. 
    -Pourquoi ?
    -Pour me dire tout ce que vous n'avez jamais osé dire à votre mère. »
    Psychologie des grands soirs quand tu nous tiens ! Ouh ! Prend ca dans ta face ! On croit que la psychanalyse va couler comme un miel devant nos yeux d'enfants affamés de sucre de sucre.
    Au lieu de quoi : nihilisme débridé, humour qui tombe à plat, bisexualité paresseuse,  l'enquête va aboutir mais on est presque endormis. Et il est seulement dix neuf heures.

    Toutes ces histoires qui saturent l'espace n'ont tout de même rien à voir avec la vie. Elles ne s'approchent pas de ce que le corps ne cesse d'être : une source inépuisable de joie.
    En sortant je pense enfin tomber sur A., la salle de projection est toute proche de son école et ces derniers temps j'ai l'impression que cela va arriver. La croisant un matin dans la rue au début de cette vie là, elle parlait des grands transparents, jolie référence à Breton. Il faut croire que ces divinités là sont devenues réellement transparentes, ou bien que l'on ne sait plus les voir. Je ne sais pas si je viendrais vers elle si je la vois au coin de la rue. Il est juste certain que je suis marié à sa pensée, tout me le prouve chaque jour. Et après la plus ample des réflexions (tard la nuit et dans la grande lumière du matin) je sais d'où vient cette fascination qui ne semble pas avoir de lien avec la réalité. Vous sentez l'odeur du miel ? Si A. n'est pas une création de mon esprit (les jours passés avec elle étaient bien réels), cette fille ressemble, dans  l'esprit si tordu et contaminant sa mémoire, au tout premier émoi érotique de votre narrateur. Les psychologues applaudissent, les lecteurs sentent le sucre irriguer leur œsophage rendu si doux ! Patsy Kensit ! La chanteuse de Eight Wonder, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?


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