• Morrissey a lu Lacan

    (Morrissey / It's not your birthday anymore)


    Ce blog prendra une nouvelle forme d'ici quelques semaines. Histoire d'être encore plus autonome.

    Petite partie de l'entretien avec Emily Loizeau.

    La première chanson que vous avez crée venait d'un texte de votre père...
    « Oui, j'ai beaucoup hésité pour donner un titre à cette chanson. « L'ombre d'un vieux silence » ou « Un vieux silence ». Je n'ai jamais vraiment trouvé le titre de ce morceau. Je l'ai beaucoup joué mais  j'ai aussi voulu le confier à d'autres personnes. C'est un texte de jeunesse que mon père avait écrit à la fin des années 50. Par la suite il a été correcteur d'épreuves pour pouvoir nourrir sa petite famille. Il écrivait aussi dans des journaux. La chanson est un poème qui ne comporte pas de refrain, rien ne revient. J'ai donc dû créer ce refrain en choisissant quelque chose dans le texte que je croyais pouvoir se répéter. On ne sait pas vraiment quels mots il faudrait choisir, on a peur de trahir la personne qui a écrit. »

    Plus loin elle confie :

    « J'ai commencé à avoir peur de la mort à 5 ans, ce qui est inconcevable. »

    Les femmes sont à considérer et à aimer dans leur rapport avec la musique. Le chant des sirènes s'est perfectionné avec le temps et puis il n'y a pas que des sirènes. Regardez autour de vous, le test animalier marchera toujours. Lafontainisez à qui mieux mieux. Il y a des louves, de petits canards parfois, des chatons (mes préférées). De grandes sopranos, des rockeuses sexuelles. Tout est question de musique avec elles.


    Cette chanson, parfaite en cas de rupture. J'aime la précision de Morrissey, les paroles scandent parfaitement le rythme du morceau. Dès les premières notes c'est sûr, ce sera un peu lancinant, un peu douloureux.
    « Ta voix a beau dire non, le cœur a sa propre destinée. »
    Du lourd, du cru. On écoute.
    « Ta voix a beau dire non, le cœur possède lui-même un cœur. »
    De quoi ? Hein ? Le cœur qui cache un cœur ? Ton cœur est une putain de poupée russe ma chérie.
    Batterie, cymbales. Sanction.
    « Ce n'est plus ton anniversaire, plus besoin d'être gentil avec toi. L'envie de te voir sourire, de sentir une appartenance s'est maintenant éloigné. »
    C'est ca non ? Quand on ne souhaite plus souhaiter un anniversaire à quelqu'un, on est plus là.
    « Est-ce que tu pensais vraiment que tous ces trucs sirupeux et sentimentaux dont on parlait avaient un sens ? »
    Là l'anglais y va un peu fort, c'est pas très sympa, il n'est pas content. Il crache dans la soupe. Ou alors c'est la fille qu'il aime qui parle à ce moment là...
    C'est un peu de l'insulte tout de même. Poursuivons. Morrissey a lu Lacan bon sang :

    « On ne peut pas le donner. Et pourtant on nous le retire. »
    Mais de quoi peut il bien parler ?
    Il répète deux fois cette phrase et au deuxième instant la voix monte, ca va chouiner dans la chaumière de votre cœur qui, ne l'oubliez pas, a un cœur lui aussi. La guitare s'acère, la batterie est un métronome précis qui indique qu'on est au milieu de la chanson.
    Encore un peu de théorie, c'est un peu simple mais pourquoi pas :
    « Tous les cadeaux que l'on a pu te faire ne peuvent pas être comparés à l'amour que je te donne ici et maintenant, sur le sol. »
    Refrain qui se termine par « Est-ce que tu pensais vraiment que tous ces trucs sirupeux et sentimentaux dont on parlait HIER ENCORE avaient un sens ? »
    Où l'on voit que c'est bien le chanteur, le narrateur qui parle. Hier encore, c'est la petite plainte qui pointe. Il n'y a qu'à écouter la fin du morceau et les cris chantés qui ne peuvent être que des pleurs. C'est le moment où la voix est la plus forte, la plus mélodique.

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