• (Bloc Party / Mercury)

    Bloc Party au Nouveau Casino. Diesel leur a tellement donné d'argent pour mixer à l'anniversaire de la marque samedi qu'ils doivent se sentir un peu coupables et qu'ils décident ainsi d'ajouter une date dans une petite salle. 200 places payantes à 20 euros et tout le reste de la salle est invité. On sent bien que le groupe va finir par tomber dans une électro dure dans pas longtemps. Kele Okereke le chanteur est de plus en plus à l'aise sur scène, sa timidité du premier album est oubliée. Ils s'amusent dans les titres du dernier disque, monte à l'étage en rendant fou le roadie qui doit allonger le fil du micro jusqu'à ce qui lui paraît être le ciel.
    Si l'évolution musicale est bien là, les types n'ont pas changé de coiffure au bout de trois albums, vous l'aurez remarqué et trouverez une signification à cela pour moi. L'attaché de presse du groupe est drôle. Sur Banquet, leur premier succès il y a quatre ans et multi remixé depuis, il hurle « Ca ca va marcher, ca va cartonner ».
    Que fais Busy P. ici ? Le manager de Bloc Party a du souci à se faire...
    After show dans la rue (basiquement c'est une bloc party) où Kele et le guitariste jouent au clair de lune This modern love cet amour moderne me perd, cet amour moderne me tue.

    Le Chacha oua sympa voilà ca va toi ? Il faut fêter un sombre et discret magazine d'art contemporain et donner le mot de passe au serveur du bar ouvert. CONTRASTE. C'est joli mais on ne sert que du ballantine's. Je fais un effort mais vous ne me verrez jamais finir un verre de cette substance. Quel genre de personnage faut-il être pour boire du whiskey ? Quelle vie sexuelle se traînent les gens qui tournent à ca ?
    Un collier de cinq perles blanches formé de mannequins blondes se faufile derrière le rideau noir et monte à l'étage. Pierre Matthieu est fidèle au poste, toujours accompagné de sa sœur. Les djs sont très jeunes et se concentrent pour enchaîner trop vite des morceaux non identifiables et de toute façon saccagés par la qualité du son. On note la présence d'une pièce fumeur qui accélérera violemment tout ce qui est pneumonie, cancer en attente, toux fébrile et tendant vers un gras horripilant et de très mauvaise augure. On prie tous ensemble à genoux et en renversant des cendriers aussi pleins que l'intérieur d'un œuf pour que la ventilation fonctionne. Et interdit de dire Guillaume Depardieu dans cet endroit.

    Gonzales est un excellent personnage. Voilà un artiste lucide, c'est si rare. J'aime qu'il me raconte :
    « Nous sommes dans un moment où l'image est plus importante que la musique et c'est vrai que j'aime bien me créer un personnage. Malgré cela je garde un fond vieille école et je suis très intéressé par la théorie de la musique par exemple et des choses très profondes, c'est ce qui fait mon originalité. Mais je n'ai aucune envie d'être dans une tour d'ivoire. La musique ne doit pas être académique, elle doit parler aux gens, j'essaie donc de me faire une place dans notre époque superficielle. »


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  • (Amadou et Mariam / Ce n'est pas bon)


    On reprend tout au début. Les capitaux s'injectent à nouveau dans le sang de la grande bête. Sans rire nous n'y avons pas cru une seconde. Ce n'est pas que les guignols de gauche n'aient pas pointé leurs têtes, on a bien entendu que rien ne serait jamais plus comme avant par ci, que l'Etat faisait son grand retour par là, on faisait semblant de toute part, les discours étaient surfaits comme le personnage de Coluche joué par François Xavier Demaison. Rien n'y faisait de toute façon. Le peuple mondial, plus uni que jamais dans une passivité phénoménale, voyait les chiffres descendre en zappant de chaîne en chaîne et finissait par s'endormir devant une série américaine. Il y a quelque chose de frappant dans cette neutralité face aux soubresauts boursiers. L'apathie de la population de la planète entière ne naissait pas face à la conscience aiguisée que ces jours n'aboutiraient pas à un grand changement de système. Les gens s'en fichaient tout simplement. On a seulement signalé quelques épargnants japonais qui retiraient leur argent de la banque. Parions qu'ils étaient dix sept tout au plus. En sous main bien entendu, les réseaux s'affinent, se spécialisent et la crise aura solidifié l'ensemble de la structure. A cinq ans, dans le jardin de la maison de mes grands parents, j'aérais la terre entre deux plantations de tomates, de pommes de terre ou de radis pour mieux assurer la future petite récolte. On appelait cela « biner ». Le capitalisme mondial aura été biné pour son plus grand bien ces dernières semaines.

    A l'intérieur de la tête du narrateur, son prochain voyage sur une île du sud ouest de l'Océan Indien pour y rencontrer une chanteuse danseuse et ses deux autres interviews plus proches (Cocoon et Gonzales). Parce que tout part de la tête n'est ce pas ?


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  • (Amadou et Mariam / Sabali)


    Une fille me dit qu'elle voudrait créer un spectacle où les spectateurs ne feraient que la regarder, ils paieraient pour pouvoir la voir exister dans la vie de tous les jours.

    La fin de l'année montre son nez, avec elle un cortège de classements des meilleurs morceaux. Sex on fire Kings of Leon ? Shut up and let me go Ting Tings ? Time to pretend Mgmt ? Mercy Duffy ? A Punk Vampire Weekend  ? Pourquoi pas ce nouveau titre délicieux d'Amadou et Mariam ? Produit par le divin Damon Albarn, il ouvre « Welcome to Mali » qui sortira le 17 novembre. Vous mélangez générique de Thalassa, un des meilleurs morceaux de Blur (1992 sur l'album 13) et musique africaine. Hier soir en club, la chanson s'impose comme une éclaircie fondamentale, le plafond s'élève, toutes les filles sont jolies, blondes, et disent « On va au Chacha ? ». Chérie je m'adresse à toi, avec toi chérie la vie est belle, je te fais un gros bisou, chérie je te fais un gros bisou, je t'embrasse fort. Byebye.


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  • (Saint Etienne / Finisterre)


    J'aime la crise financière et tous les mots qu'elle présente. « Logique de capitulation », « panique insondable », « surréalisme appliqué ». C'est comme si le monde était resserré sur lui-même, prêt à éclater. Mais que l'on se rassure : si la fièvre froide goutte sur nos fronts, dans peu de temps le monde de la finance sera huilé comme l'intérieur compact d'une boîte de sardine. Comme le cul ouvert d'une très grosse pute lancée dans une mer de vaseline.
    Tous les mouvements, toutes les agitations de ces jours ne sont bien entendu là que pour montrer qu'il ne se passe rien. Le capitalisme avancé est un abri atomique, il est le refuge extrême de la civilisation. Pas un son, pas une fumée n'arrivera jamais vers son cœur.
    Jacques Attali a son mot à dire, il calme de son regard de serpent les téléspectateurs du journal de 20h de France 2. Vous souvenez-vous du personnage «Triste Sire » dans le Livre de la jungle ? Le voici tortillant son esprit devant les yeux de la France. Sa voix est calme, posée, c'est un homme à tout faire, un homme à tout dire, les milliers de fiches s'entassent auprès de lui, il a la conclusion qu'il vous faut, il est là depuis des générations. C'est déjà lui qui frappe à la porte de Coluche pour lui dire de retirer sa candidature farfelue et de laisser le champ libre pour Mitterrand en 1981. Il use des mêmes techniques, il s'enlace autour de votre esprit, il est dans les bons coups. Donc ne pas s'affoler, regardez-le dans les yeux, soyons ensemble. De toute façon nous n'avons pas le choix, nous somme ensemble, nous sommes le devenir-sardine.
    Quoi ? Vous prétendez que vous ne faites pas partie du Noutous ? Vous ne voulez pas être Nensemble ?


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  • (Christophe / Tandis que)



    Jean d'Ormesson sur le plateau du Grand Journal de Canal. Il joue son rôle de papi gentil qui sait des choses. On imagine avec une facilité déconcertante les étagères des chambres normandes, picardes et aveyronnaises sur lesquelles reposent les éditions de poche du monsieur. On voit les jupes à carreau de filles rousses et maladroites qui se masturbent en pensant que papi est intelligent et qu'il ne touche plus mamie depuis qu'elles ont des seins. Cela sent le foin et l'urine (ne me demandez pas pourquoi cela sent l'urine, mais avouez le, cela sent l'urine). «Mais oui le temps est très important dans l'œuvre d'un écrivain. Ce n'est pas pour rien si l'œuvre de Proust s'appelle A la recherche du temps perdu et si le dernier livre s'appelle Le temps retrouvé. Et si Heidegger intitule un de ses ouvrages Sein und Zeit, L'être et le temps. »
    Mais non Jean, enfin, on est sur le plateau d'une émission regardée tout de même. On ne peut pas dire n'importe quoi. Ben quand même. La bonne traduction est Être et Temps. On est directement dans le propos de l'œuvre grâce à cette formulation. Mais autant pisser des quantités ahurissantes dans un nombre non moins impressionnant de violons plutôt que de vouloir rapporter l'erreur.
    Quel rapport entre Être et Temps ? Pourquoi ces majuscules édifiantes ? Le livre en question est il l'ouvrage le plus important du vingtième siècle ? Vous le saurez en suivant les prochains épisodes de Saïnoudzahite. Des révélations foudroyantes...des insinuations de nazisme...un défilé de philosophes présocratiques. Viens voir Saïnoudzahite. Viens.

    Soirée du magazine Vice dans un rade appelé « Le week end ». Le principe est d'investir un endroit ringard et d'en faire, le temps de la soirée, un endroit bouillant. C'est marrant de pouvoir acheter des cigarettes en commandant un verre qui coûte moins de trois euros et d'écouter en même temps des djs excellents qui parlent en mettant des disques, comme s'ils étaient les maîtres du monde, ce qu'ils sont (plus précisément, ils sont maîtres de ce monde là). Je suis pour enchaîner Cassie avec Ride.
     J. devrait être ici bien sûr mais elle furète à Londres. Genre de fille que le vent des castings emporte de ci de là hello dans le Temps cutie. « I miss Paris, staying here til the end of november ».

    Soirée Chez Moune et dernière soirée chez Moune. Les filles qui s'embrassent là, portes jarretelle et cheveux bruns ? Oui celles là. Pourquoi elles dansent au juste ? Ce n'est pas la peine de se forcer la musique est scandaleuse, il fait noir, la décoration est tout juste sauvée par un joli portrait de Grace Jones au mur. Comment dire ? J'aime pas, on a l'impression que l'endroit est sale. C'est un lieu qui semble avoir été crée par des gens qui pensent que le dernier album de Christophe est un mauvais disque. Comme si le baroque ne pouvait être que raté. On se dit que si on traîne ici notre sexualité va en pâtir, qu'on sera moins intelligents et que cela ne sera même pas dû à l'absorption de drogues (très à la mode le poppers ces derniers temps).
    Vite au Baron où la dernière subversion de l'univers a lieu chaque soir (c'est dire l'état de l'univers en question). Oui une dizaine de gens fument des cigarettes. Je m'entends dire à une fille blonde assise derrière « Bonsoir vous auriez une cigarette s'il vous plait ? Juste une. - Oui tiens, tu veux du feu aussi ? » Voilà, j'allume la cigarette de la main gauche. On parle d'argent avec S.

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